Aujourd’hui, un mot revient dans toutes les conversations : le stress. Toutes tranches d’âges confondues, hommes ou femmes, le stress semble nous empoisonner l’existence, au propre comme au figuré, car il intervient à plusieurs nivaux : physiologique, psychologique et social.
Comprendre son processus…
C’est le médecin endocrinologue Hans Selye, qui est le «père » de la théorie du stress. Suite à de nombreux travaux de recherches, il publie en 1956 «Le stress et la vie », un livre dans lequel il expose un nouveau concept : le syndrome d’adaptation, qu’il définit comme l’ensemble des moyens physiologiques et psychologiques mis en œuvre par une personne pour s’adapter à un évènement donné, quel qu’en soit sa nature.
En tant qu’endocrinologue, Seyles a démontré comment les hormones corticosurrénales sont mises en circulation lors de changements brutaux imposés à l’organisme.
Il décrit un syndrome réactionnel endocrinien comportant 3 phases consécutives :
La « phase d’alarme » : une réponse d’urgence, qui mobilise les ressources nécessaires pour faire face à un stresseur et enclenche des processus de survie : lutte ou fuite (l’adrénaline est libérée dans la circulation sanguine, produisant une série de changements physiques et physiologiques).
Cette réponse d’alarme peut n’être vécue qu’à travers des émotions de peurs ou de colère. Les réponses d’adaptation se résument alors en un désir de fuir la situation ou un désir de lutter.
La « phase de résistance » : une réponse de conservation si la situation stressante ne revient pas à la normale. C’est la manière pour le corps de se préparer à une survie de longue durée, face à un environnement qu’il ne contrôle pas (les glandes surrénales libèrent lentement du cortisol dans le sang, produisant à nouveaux un ensemble de changements).
La « phase d’épuisement » : si la situation perdure ou s’aggrave, la personne entre dans une phase d’épuisement. Les réponses deviennent inadaptées à l’environnement, les ressources de l’organisme s’épuisent. C’est le stade des somatisations et/ou d’états dépressifs.
C’est ce que Seyles appelle le syndrome général d’adaptation ou le stress.
Par la suite, le biologiste français Henri Laborit a étudié ce qui se passe quand la personne ne peut ni dominer la situation, ni la fuir : ce qu’il a appelé l’« inhibition de l’action ». Il démontre que cette « paralysie situationnelle » conduit précisément à des désordres neuro-psycho-immunologiques.
Depuis les années 1960, des milliers de recherches ont été menées dans différents secteurs (l’immunologie, la cancérologie, la neuropsychologie, etc.) sur les multiples facteurs intervenant dans chacune des phases du stress, et sur les impacts du stress sur la santé. Il en reste pourtant encore beaucoup à découvrir, notamment sur les liens entre l’esprit et le cerveau, c’est-à-dire entre la psychologie et la physiologie
Il est important de retenir que :
– le stress est la réponse de l’ensemble corps/esprit (notre organisme dans sa globalité) à tout « stresseur » auquel nous sommes confrontés (les stimuli). Il s’agit, en fait, de maintenir un état d’équilibre (l’homéostasie), de stabilité des paramètres du corps. L’homéostasie est l’équilibre dynamique qui nous maintient en vie (W.B Cannon).
C’est par ce « syndrome général d’adaptation » que les organismes tentent de maintenir leur SANTÉ, voire leur SURVIE face à une menace, un traumatisme ou un changement.
– le stress est donc un dispositif de vigilance salvatrice, les problèmes s’installent lorsque la quantité de demandes dépasse la capacité de réponse du sujet.
Par conséquent, si nous voulons améliorer notre résistance au stress, c’est à cette capacité de réponse qu’il convient de nous intéresser.
Seyles souligne que le stress fait partie intégrante de notre vie et ne peut être évité, mais nos tentatives de répondre aux stresseurs peuvent mener à la maladie où à la dépression si elles sont inadaptées ou déréglées.
Pour Martin Seligman (chercheur en psychologie), ce n’est pas le stress par lui-même, qui est dangereux, mais la façon dont nous percevons ou gérons les situations.
Selon le Dr Lazzarus (Berkeley), le stress psychologique est une relation entre une personne et son environnement, qui est évaluée par la personne comme éprouvante, dépassant ses ressources ou menaçant son bien-être.
Ce qui implique que c’est le sens donné par la personne à une situation qui va déterminer le degré de stress de la personne.
Or, les situations perçues comme mettant un individu en danger ou en survie vont l’emmener directement vers des schémas préexistants, c’est-à-dire construits par des stress de même nature.
Les mécanismes mentaux du stress
Selon les travaux des psychologues Lazarus et Folkman, le processus mental mis en marche par l’apparition d’un agent de stress comprend deux étapes :
Première étape : évaluer la dangerosité d’un stimulus. Dans quelle mesure ceci est-il « mauvais » pour moi? La réponse serait déterminée par un nombre impressionnant de facteurs : le tempérament, l’éducation, les normes sociales, la culture, les expériences antérieures, les valeurs, le système de croyances etc. Cette évaluation se fait, pour une large part, de façon inconsciente, à l’aide de perceptions, de pensées, d’émotions, de concepts et de raisonnements éminemment subjectifs.
Deuxième étape : évaluer nos ressources disponibles pour y faire face. Est-ce que je peux me sortir de ce pétrin? Les ressources en question peuvent être de diverses natures :
– physique : ai-je la santé, la force, l’énergie?
– matérielle : pourrais-je trouver l’argent, l’outil?
– sociale : mes amis, mon frère, ma collègue peuvent-ils m’aider?
– psychologique : suis-je capable? est-ce que je mérite un tel effort?
– ai-je le temps?
Plus les réponses à ces questions sont négatives, plus le signal envoyé par le cerveau au métabolisme est à un niveau élevé d’alarme, plus les réactions physiologiques sont intenses. Ce pourrait être l’évanouissement ou, à la limite, la crise d’apoplexie.
Stress aigu ou chronique?
Quand les symptômes provoqués par les réactions de stress sont intenses au point de nuire temporairement aux occupations normales, on parle de stress aigu. Ce problème peut se manifester après un évènement traumatisant (la mort d’un proche, un accident, une perte financière, etc.), ou dans l’attente d’un évènement très déstabilisant. Par définition, les malaises aigus sont temporaires, mais ils peuvent se répéter à une certaine fréquence.
Le stress chronique, par contre, est un état permanent auquel on connaît plusieurs causes :
– une personnalité anxieuse qui rend particulièrement sensible aux agents de stress;
– une situation difficile et persistante que la personne n’arrive ni à modifier ni à fuir : un emploi précaire, un revenu insuffisant pour les responsabilités financières, le harcèlement d’un supérieur, la responsabilité d’un proche malade, un enfant difficile, une relation de couple conflictuelle ou instable, etc.;
– plusieurs situations stressantes qui se chevauchent dans le temps.
Les personnes souffrant de stress chronique n’en sont pas toujours conscientes, ou pensent qu’il n’y a rien à faire.
(source PasseportSante.net)